Troisième et dernière partie de l’article de Benjamin Pelletier retraçant l’évolution de la crise du Coronavirus vécue en Corée du Sud. Parmi les articles comparant les systèmes de santé, nous avons sélectionné celui-ci pour sa rigueur et l’authentique expertise en intelligence interculturelle. L’approche transculturelle des soins s’inscrit dans la notion de gestion des risques interculturels, une discipline développée par Benjamin Pelletier.
Benjamin Pelletier avait par ailleurs interviewé Franck Scola à propos de la santé des expatriés à l’épreuve des risques interculturels, à lire ici.
Archivons l’expérience coréenne (fin?)
Cet article est le troisième et dernier d’une série visant à établir la chronologie de la gestion de l’épidémie en Corée du Sud. Le premier est revenu sur l’émergence du coronavirus dans le pays du 20 janvier au 18 février et le deuxième sur l’explosion de l’épidémie du 19 février au 3 mars. Au prix de nombreux efforts et d’une mobilisation massive à la fois de l’État, des citoyens et du secteur privé, les Coréens vont parvenir à endiguer l’épidémie, ce qui ne va pas manquer de susciter l’admiration et l’intérêt de la part de nombreux autres pays confrontés à l’épidémie.
Ces derniers sont intéressés par une approche différente de la gestion chinoise de la crise afin de concilier contexte démocratique et mesures de contrôle et de prévention. Lors de cette phase de stabilisation, les autorités coréennes vont elles-mêmes formaliser leur expérience pour la promouvoir à l’international. D’où l’importance d’une chronologie au jour le jour pour aller au-delà du discours officiel, mettre en évidence les défis et difficultés auxquels elles se sont confrontées et indiquer des pistes de ce qui peut être répliqué ailleurs qu’en Corée du Sud.
Gardons à l’esprit que le découpage de cette chronologie en trois séquences comporte une part d’artifice. Il masque le fait que chacune d’entre elles est préparée et contenue par la précédente. De même que l’explosion de l’épidémie était en germe dans son émergence, l’endiguement n’intervient pas du jour au lendemain mais il est le résultat des mesures prises lors de l’explosion, et même lors de l’émergence du virus dans le pays, donc bien avant le le 4 mars, date à laquelle commence cette partie de la chronologie. Afin de donner un aperçu de la situation en phase de stabilisation, j’étire cette période jusqu’au 22 mars, date qui reste toujours provisoire car rien ne dit que l’épidémie ne va pas violemment se ranimer avec de nouveaux foyers si la vigilance se relâche.
NB – Comme pour les deux autres parties de la chronologie, la très grande majorité des sources mobilisées provient d’une vaste revue de presse du JoongAng Ilbo et du Korea Herald. Étant très nombreuses, elles ne sont pas citées mais vous pouvez télécharger le fichier de 54 pages comprenant tous les articles et extraits d’articles utilisés en suivant ce lien (pdf). Les autres sources sont en revanche mentionnées en liens hypertexte.
Enfin, voici quelques points clés qui apparaissent au fil de cette chronologie :
- L’une des clés de l’endiguement de l’épidémie tient à la mise en quarantaine le plus rapidement de toutes les personnes détectées positives au coronavirus, qu’elles aient ou non des symptômes.
- Le gouvernement coréen a misé sur la transparence la plus grande possible de l’information.
- Les congrégations religieuses restent l’un des gros points faibles de la Corée du Sud en situation de crise épidémique.
- Autre point faible qui apparaît à présent: les dizaines de milliers d’écoles privées.
- Si le confinement n’a pas été imposé, il a été fortement recommandé.
- L’endiguement du coronavirus par les Coréens est un résultat remarquable mais nous sommes encore loin de son éradication.
- Chacun peut mesurer ici l’écart immense qui sépare encore la France de l’expérience coréenne.